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Maladies et ravageurs du blé

Pucerons des céréales

Les espèces de pucerons sont nombreuses à fréquenter les céréales. Parmi elles, Rhopalosiphum padi, Sitobion avenae, Rhopalosiphum maidis, Schizaphis graminum, Metopolophium dirhodum, peuvent transmettre à l’automne des virus de la jaunisse nanisante de l’orge (JNO). L’espèce Rhopalosiphum padi ou puceron du merisier est celle qui domine. Elle peut infecter le blé et l’orge, du semis au tallage. Sitobion avenae attaque plutôt les épis de blé, d’orge et d’avoine au printemps. La protection des céréales à paille repose sur la prévention en adaptant les pratiques culturales et l’emploi d’insecticides foliaires en fonction des seuils de nuisibilité.

Pucerons des céréales à l’automne, risque de développement de la jaunisse nanisante de l’orge

Le puceron du merisier, Rhopalosiphum padi, est l’espèce dominante dans les parcelles de céréales à l’automne. Les formes ailées peuvent coloniser le blé et l’orge dès le semis. En risquant de transmettre par leurs piqures les virus de la jaunisse nanisante de l’orge JNO, les pucerons affectent considérablement le rendement des céréales. Les pertes sont estimées de 40 à 30 q/ha en moyenne sur blé. La récolte de l’orge peut être réduite à néant.

Les symptômes de la jaunisse se repèrent à la sortie de l’hiver, sur des petits foyers. Une décoloration se remarque à l’extrémité des feuilles. Pour l’orge, le jaunissement est caractéristique, pour le blé et l’avoine, il s’agit plutôt d’un rougissement. Migrant sur plusieurs hôtes, cette espèce est dite « à alternance d’hôtes ».

 

Cycle biologique et caractéristiques de Rhopalosiphum padi

Le puceron du merisier, Rhopalosiphum padi, existe sous forme ailée et aptère. La forme ailée lui permet de migrer vers une autre plante hôte ou une autre zone. Il se reproduit à l’automne sur le merisier à grappe. Les œufs vont éclore au printemps et les adultes vont ensuite se multiplier par clonage pendant deux à trois générations. Cette parthénogénèse concerne les formes aptères. Elle assure l’augmentation exponentielle des populations au sein d’une même parcelle et s’active avec la hausse des températures. En mai, des pucerons ailés migrent vers différents hôtes secondaires tels que les graminées fourragères et sauvages ou le maïs.

La multiplication asexuée continue jusqu’à la colonisation des merisiers à grappes, laquelle s’effectue ensuite, entre la mi-septembre et la chute des feuilles en France. Les pucerons sont toujours actifs tant que les températures se situent sont supérieures à 5°C. Les formes ailées volent au-dessus de 10°. Les infestations sont d’autant plus graves que l’automne est doux. Les populations se maintiennent et se multiplient dans les parcelles de céréales si les conditions automnales et hivernales sont clémentes. C’est une des raisons qui explique un risque plus important de développement de la JNO dans l’Ouest de la France par rapport à l’Est où les automnes et les hivers sont plus rigoureux. Seuls plusieurs jours consécutifs avec des températures de –5°C permettent une régulation naturelle.

Le puceron Rhopalosiphum padi est vert très foncé presque brun. 

Une zone brun rougeâtre marque son extrémité postérieure.

Dégâts, risque de transmission de la JNO 

10 pucerons infectieux pendant 1 journée sont aussi dommageables qu’1 puceron infectieux pendant 10 Jours

Les autres espèces de pucerons pouvant transmettre la JNO à l’automne par leurs piqures :

  • Le puceron des feuilles de graminées Metopolophium dirhodum, de couleur vert pâle avec des cornicules claires
  • Le puceron vert des graminées Schizaphis graminum, vert clair avec une ligne médiane vert sombre sur la partie dorsale, cornicule noire
  • Le puceron vert du maïs Rhopalosiphum maidis, vert bleuté avec zone violacée à son extrémité postérieure
  • Le puceron des épis des céréales Sitobion avenae

 

Pucerons des céréales, attaques des épis

Le puceron des épis des céréales, Sitobion avenae, cause surtout des dégâts au printemps. En piquant l’épi en formation, il diminue le poids et le nombre de grain. Il peut aussi transmettre la jaunisse nanisante de l’orge (JNO) s’il est présent à l’automne.

Cycle biologique et caractéristiques

L’hivernation de Sitobion avenae s’effectue sous la forme d’œufs d’hiver. Ils sont pondus à l’automne sur les églantiers, les ronces et les chaumes.

Au printemps, la première génération, aptère, va se multiplier par parthénogenèse. La surpopulation induit la formation des pucerons ailés. Ils vont coloniser les graminées dont les céréales cultivées. Ces adultes s’installent d’abord sur le limbe des feuilles supérieures puis remontent vers les épis dès leur sortie causant des pertes de rendement par diminution du nombre de grains et diminution du poids spécifique par le prélèvement de sève.

De la fumagine (champignon) se développe sur le miellat rejeté par les pucerons. La colonisation des céréales à paille se déroule jusqu’à la fin du cycle cultural. Les pucerons migrent ensuite vers les maïs. À l’automne, une partie de ces individus deviennent mâles ou femelles pour accouplement.

Dégâts sur l’épis

À l’épiaison des céréales, Sitobion avenae peut provoquer d’importants dégâts en aspirant de la sève au niveau de l’épis. Conséquence, une limitation du poids de mille grains (PMG) et du nombre de grains.

Les pucerons Sitobion avenae ont un corps vert pâle à marron très foncé. Les antennes noires sont de la même longueur que le corps de l’insecte. Les cornicules sont noires.

Prévention et protection contre les pucerons des céréales

Éliminer les plantes hôtes

Les pucerons des céréales colonisent tour à tour plusieurs hôtes. Une des solutions est d’éviter les enherbements à base de graminées sensibles (réservoirs de JNO) comme le ray grass et préférer des graminées qui ne multiplient pas le virus comme la fétuque ou le dactyle.

Pour l’orge, le choix de variétés tolérantes combinées au décalage de la date de semis est la solution agronomique recommandée pour lutter contre la JNO

Décaler la date de semis du blé et de l’orge

Les semis précoces de blé et les hivers doux accentuent le risque d’attaque par les pucerons. En décalant la date de semis à la fin octobre, c’est-à-dire à une période ultérieure à celle des vols des pucerons, la culture peut être préservée.

En semant tard, on diminue aussi le nombre de cycle de contamination du virus.

Cette stratégie est aussi bénéfique vis-à-vis de la cicadelle vectrice de la JNO. De plus avec des températures plus fraiches les pucerons sont moins actifs et moins susceptibles de se multiplier dans les blés.

La tolérance variétale pour les orges

Des orges sont tolérantes vis-à-vis des virus de la JNO, de la levée à la fin du tallage. Si les pucerons piquent la plante et transmettent le virus, celle si active ses mécanismes de défense pour lutter contre le virus.

Lutte insecticide

Le raisonnement de la protection insecticide s’effectue en fonction des avertissements des bulletins de santé du végétal mais aussi des réseaux d’observation. Les pucerons sont piégés au printemps dans des dispositifs attractifs comme les cuvettes jaunes. Pour les pucerons d’automne, la surveillance se poursuit jusqu’au tallage. À défaut de périodes de froid prolongées et en dessous de 5°C, si des pucerons sont encore observés en fin d’automne, une lutte insecticide est possible.

Seuils de nuisibilité des pucerons
  • Pour les pucerons de l’épis, Sitobion avenae, le seuil d’alerte sur céréales à paille est atteint lorsque la présence d’au moins un puceron sur un épi sur deux est détectée.
  • Pour les pucerons d’automne dont Rhopalosiphum padi, à partir de 10 % des pieds porteurs de pucerons ou l’observation des pucerons plus de dix jours dans la parcelle, la protection insecticide est nécessaire. Attention l’observation doit se faire en milieu de journée car ces pucerons ont tendance à descendre le soir au pied des céréales et ils peuvent passer inaperçus
Familles d’insecticide autorisés contre les pucerons des céréales

Les solutions insecticides contre les pucerons appartiennent principalement à la famille des Pyréthrinoïdes (lambda-cyhalothrine, cyperméthrine, tau-fluvalinate, esfenvalérate), hormis une solution autorisée sur blé qui est de la famille des Pyridine-carboxamide (flonicamide).

Les Pyréthrinoïdes agissent par contact. Pour les applications d’automne, ils ne protègent pas les nouvelles feuilles formées.

Le flonicamide fonctionne par ingestion. Son mode d’action est systémique et donc protège les nouvelles feuilles.

Pour éviter l’apparition de résistance, la diversification des sous-familles de pyréthrinoïdes est recommandée.

 

Pour en savoir plus sur les bonnes pratiques de traitement, cliquez ici

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