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Maladies et ravageurs des pommiers – poiriers

Les pucerons du pommier et du poirier

Puceron cendré et puceron vert du pommier, puceron du poirier : ils enroulent les feuilles, tordent les pousses, piquent et déforment les fruits. Quant au puceron lanigère, il ralentit la croissance de l’arbre.
La lutte contre ces insectes est compliquée du fait de leurs invasions massives. Des prédateurs naturels ou élevés, dont l’emblématique coccinelle, aident à réguler les populations au verger dans le cadre d’une stratégie de protection intégrée.

Quelle est la nuisibilité des principaux pucerons du pommier et du poirier ?

Les pucerons sont des insectes « piqueur-suceurs », ils se nourrissent de la sève élaborée grâce à leur stylet qui perfore les tissus des végétaux.

  • Le puceron cendré du pommier, Dysaphis plantaginea, est le plus fréquemment rencontré en verger de pommiers et poiriers. C’est aussi le plus nuisible. En envahissant très vite les arbres, il pique non seulement les jeunes feuilles et rameaux et les déforment mais peut aussi s’attaquer plus tardivement au fruit.
  • Le puceron vert du pommier, Aphis pomi, est tout aussi fréquent mais les dégâts sont un peu moins graves dans un premier temps, il affaiblit les jeunes pousses. C’est plus tardivement qu’il va enrouler les feuilles. Il dépose du miellat, notamment sur les fruits, cette sécrétion se recouvre d’un champignon noir, la fumagine. Les fruits sont dépréciés.
    Quant au puceron lanigère, Eriosoma lanigerum, surtout présent sur les pommiers, parfois sur poiriers et cognassiers, il perturbe la croissance de l’arbre.
  • Le puceron mauve du poirier, Dysaphis pyri est le plus à craindre sur cette espèce de fruits à pépins. Il s’attaque aux pousses. Comme pour le puceron vert, les colonies produisent beaucoup de miellat, lequel en se recouvrant aussi de fumagine déprécie la qualité des fruits

Les pucerons, un mode de reproduction cyclique, une rapidité de colonisation

Les pucerons ont la particularité de passer d’un mode de reproduction sexué à asexué selon les saisons. Très mobiles, se reproduisant à grande vitesse par parthénogenèse au printemps, ils colonisent très rapidement leur hôte primaire : le pommier ou le poirier. Lorsqu’il y a surpopulation, des formes ailées apparaissent et vont migrer vers un autre hôte primaire, puis en fin de printemps vers leur hôte secondaire (plantain, gaillet selon les pucerons). Les adultes sexupares se forment sur cet hôte secondaire.

La reproduction sexuée s‘effectue à l’automne avec un retour sur l’hôte primaire. Les œufs sont déposés sous les écorces et à la base des bourgeons de la plante hôte.

La parthénogénèse des pucerons, comment ça marche ?

Les pucerons pratiquent la parthénogénèse pour envahir leur hôte.

Les premières éclosions d’œufs au printemps donnent naissance à des “fondatrices”. Leur particularité ? Elles sont vivipares. Lorsqu’elles vont se reproduire, elles vont générer directement une larve, qui deviendra adulte, et enchainera à son tour une descendance asexuée.

  • La parthénogénèse, un mode de reproduction rare ?

Pas tant que cela ! Dans le règne animal, la parthénogenèse se rencontre par exemple chez les vers nématodes, polychètes, oligochètes, némertiens, gastrotroches, les arthropodes (dont les insectes comme l’abeille et les pucerons), chez les vertébrés comme le reptile varan de Komodo, des oiseaux comme le dindon et des poissons.

En six générations, un puceron vivipare engendre 117 milliards de pucerons !

Le puceron cendré attaque d’abord les jeunes pousses

 Les œufs vont éclore au printemps en même temps que le gonflement des bourgeons. Une femelle vivipare peut engendrer environ 70 larves. De 2 à 3 générations se succèdent au printemps soit jusqu’à 6 à 8 générations par an, jusqu’en octobre.

Lorsque la surpopulation intervient, les formes ailées apparaissent pour migrer vers un autre hôte primaire. Cette migration cesse en juin. Les colonies se déploient vers leur hôte secondaire, le plantain, pour voir apparaitre les formes sexuées. Les formes sexuées reviendront à l’automne s’accoupler et pondre sur le pommier.

Les adultes aptères sont vert foncé à brun violacé. Leur corps est recouvert d’une poudre blanchâtre.

Puceron cendré

Dégâts

Les attaques du puceron cendré au sein d’un arbre se propagent rapidement par foyers sur les extrémités des pousses.

Les feuilles, piquées se déforment, s’enroulent. En s’attaquant aux fruits, ceux-ci deviennent bosselés.

Le puceron vert salit les fruits avec de la fumagine

Les œufs du puceron vert du pommier, ovoïdes, noirs et brillants, sont pondus à l’automne en grand nombre. Ils sont regroupés en amas sur les extrémités des jeunes rameaux. Les femelles vivipares fondatrices sont repérables dès mars. 10-15 générations se succèdent de mars à octobre. Les ailés migrent dès fin avril au sein du verger. Les accouplements se déroulent vers le mois d’octobre.

Le puceron vert aptère est globuleux, d’un vert vif. Il possède des cornicules noires.

Les formes ailées présentent de petites taches noires circulaires sur les segments abdominaux antérieurs.

Puceron vert

Dégâts

Plusieurs espèces de pucerons verts existent : Aphis pomi, A. spiricola… En général, ils sont moins nuisibles que le puceron cendré mais nécessitent une surveillance en été dans les vergers Dans un premier temps, les colonies de pucerons verts tapissent la face inférieure des jeunes feuilles. L’enroulement intervient ensuite

Ces pucerons secrètent un miellat, qui recouvre les tiges, les feuilles, les fruits, soit chaque organe où la colonie s’agrège. La fumagine, moisissure noire due à diverses espèces de champignons, se développe sur cette substance sucrée.

Un cousin du puceron vert : le puceron vert migrant  

Le puceron vert migrant du pommier, Rhopalosiphum insertum est moins dangereux qu’Aphis pomi. Il se différencie par un corps moins globuleux pour les formes aptères et une couleur verte bien plus claire. Les cornicules sont vertes et pâles.

 

Le puceron lanigère reste sur les troncs et les branches

Son hôte primaire est l’orme américain. En Europe, il se développe que sur son hôte secondaire : le pommier. Les premières colonies apparaissent dès avril-mai. Elles émergent principalement à la base du tronc et des grosses branches, puis vont progresser sur l’arbre, protégées par une couche cireuse qui leur donne un aspect blanc laineux. En juin, les pucerons forment de nouvelles colonies sur des branches de plus petite taille. Pendant les mois d’été, les formes aptères produiront plusieurs générations de façon asexuée. Au total, de 10 à 12 générations peuvent se succéder. Des femelles ailées se forment à partir de juillet pour coloniser d’autres arbres. La reproduction sexuée se déroule à l’automne, toujours sur le pommier.

Les blessures naturelles, les plaies de taille, sont des abris naturels pour l’hivernation de ce ravageur

Lanigère adulte

Dégâts

Le puceron lanigère ne s’attaque qu’aux parties ligneuses. Ses piqûres ralentissent la croissance de l’arbre en perturbant les flux de sève. Des galles se forment sur les jeunes rameaux.

Le puceron cendré du poirier affectionne aussi le gaillet

Les œufs du puceron cendré du poirier (appelé aussi puceron mauve) sont déposés dans les crevasses des bourses et des branches du poirier. Les fondatrice émergent en avril. En juin, les individus ailés colonisent l’hôte secondaire : le gaillet. La reproduction sexuée se déroule sur le poirier.

Dégâts

Le puceron du poirier déforme les feuilles sur lesquelles il se développe. L’insecte sécrète du miellat, notamment sur les fruits, lesquels se recouvrent de moisissure noire, la fumagine. lanigère ne s’attaque qu’aux parties ligneuses.

Puceron cendré des poiriers

La lutte biologique contre les pucerons avec les auxiliaires  

Le recours aux macro-organismes, prédateurs des pucerons, est un des piliers de la protection des vergers de pommiers et de poiriers.

La faune auxiliaire active sur les pucerons est essentiellement composée de coccinelles, chrysopes, syrphes et parasitoïdes. Elle joue un rôle important avec une faible pression ou en début de cycle, mais ne suffit à enrayer une invasion massive.

Le recours à ces prédateurs naturels permet de réduire l’indice de fréquence de traitement (IFT)

La lutte biologique à partir des espèces élevées

Parmi les plus emblématiques moyen de lutte biologique avec des macro-organismes : les lâchers de coccinelles pour parasiter les pucerons verts du pommier.

Les macro-organismes font l’objet d’une approbation de mise en marché par l’Anses. Une liste recense toutes les espèces commercialisées et pour quelle prédation.

Parmi les espèces autorisées contre les pucerons en vergers :

  • Les chrysopes. Elles capturent les pucerons grâce à leurs mandibules en forme de pince pour en aspirer le contenu
  • Les coccinelles. Elles sont de grosses consommatrices de pucerons, plus de 100 pucerons par jour et par adulte.

Coccinelles dévorant des pucerons  

La prédation naturelle favorisée

Des piégeages dans les vergers et aux abords permettent d’évaluer les espèces présentes ainsi que le niveau des populations auxiliaires.

Par exemple, le puceron cendré a comme prédateur naturel : la chrysope verte, la coccinelle à deux points, la cécidomyie du puceron et le forficule.

Le puceron lanigère a comme principal antagoniste Aphelinus mali, une micro guêpe d’environ 1 mm de longueur. Il peut contrôler le développement des larves et adultes de lanigère de mai, à septembre.

Les bandes fleuries hébergent un cortège d’auxiliaires qui peuvent assurer tout au long de l’année une régulation des ravageurs des pommiers et poiriers. L’installation d’hôtels à insectes dans les vergers complète le dispositif.

Hôtel à insectes

Les autres stratégies de protection intégrée contre les pucerons

En complément des moyens de lutte biologiques, de biocontrôle et conventionnels, les principales mesures prophylactiques sont :

  • Éviter le développement des hôtes secondaires comme le plantain et le gaillet
  • Réaliser une surveillance régulière des populations de pucerons
  • Créer une zone de biodiversité pour abriter les auxiliaires

Au moment de l’installation du verger, le choix peut se porter sur de variétés moins sensibles aux attaques de pucerons comme Goldrush® ou Juliet®.

 

Les solutions complémentaires de protection

Une combinaison de solutions permet de réduire la pression des ravageurs.

  • Les huiles minérales appliquées à la fin de l’hiver asphyxient les œufs. Les huiles essentielles s’utilisent sur les foyers de pucerons lanigères.
  • La couverture des feuilles d’une couche d’argile blanche au moment où la femelle de puceron cendré migre la première sur le pommier pour se reproduire, c’est-à-dire, lorsqu’elle quitte le plantain. Perturbés, les pucerons ne reconnaissent pas les feuilles comme une source de nourriture. La barrière réduit ainsi l’alimentation et la ponte des œufs dans le verger.

La protection insecticide

Le raisonnement de la protection s’effectue en pré-floraison ou post-floraison selon les observations. L’objectif est d’éviter une installation des colonies compte tenu de leur rapidité de multiplication, à défaut une extension.

  • En préfloraison, pour prévenir de l’installation des foyers. La protection vise les jeunes organes.
  • En post-floraison, le traitement du verger se fait à l’apparition des premiers foyers.

 

Les seuils de nuisibilité des pucerons

Pour le puceron cendré le seuil est très bas en raison de sa nuisibilité selon les guides OILB (Organisation internationale de lutte biologique) :

  • Puceron cendré, Dysaphis plantaginea : 3 bouquets infestés sur 1000 (avant floraison)
  • Puceron vert du pommier, Aphis pomi : 8-10 colonies / 100 rameaux (en juin-juillet-aout)
  • Puceron vert migrant, insertum : 50 colonies / 100 rameaux
  • Puceron des galles rouges, Dysaphis sp : 5-8 colonies pour 100 pousses (après floraison)

Les insecticides autorisés

Ils appartiennent aux familles suivantes :

  • Pyréthrinoïdes de synthèse (pré-floraison)
  • Kétoénoles (post-floraison)
  • Pyridine-carboxamide

Pulvérisation et conditions de traitement

La qualité de la pulvérisation est un élément clé de l’efficacité d’un programme insecticide. Elle doit cibler de façon homogène tous les organes en évitant la dérive. Les insecticides s’emploient selon les conditions de la réglementation sur les abeilles afin de préserver l’activité des butineuses.

  • Le vent entraîne un phénomène de dérive des produits. Il doit être de faible intensité avec une vitesse limite réglementaire à ne pas dépasser, soit inférieure à 19 km/h
  • La pluie provoque le lessivage des produits. Les traitements ne doivent pas être appliqués si une importante pluie est prévue à court terme.

 

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