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Les secrets des adventices dévoilés, archives déclassifiées !

Deux guides sur la biologie et l’écologie des plantes adventices sont désormais en ligne sur le site de l’UIPP. Outils de référence depuis 40 ans, ils rentrent en profondeur dans la biologie et l’écologie de ces plantes. Ils apportent de nombreuses connaissances sur les forces et les faiblesses des mauvaises herbes afin d’élaborer des stratégies de désherbage durable fondées sur l’agronomie. Présentation des ouvrages et retour sur une belle histoire, celle de deux malherbologues passionnés, animés par l’envie de partager leurs connaissances.

D’un côté de moins en moins d’herbicides sont disponibles pour les agriculteurs et de l’autre un plus grand nombre de mauvaises herbes sont prêtes à prendre du terrain dans les espaces cultivés ! Face à cette problématique, comment désherber durablement les parcelles en s’appuyant sur le principe de l’agroécologie ? Actuellement seule une trentaine d’espèces adventices est relativement bien connue par les agriculteurs. Alors, comment prévenir les invasions ?

En s’immergeant dans la vie des adventices, deux malherbologues, Jacques Montégut et Philippe Jauzein ont cherché à comprendre les compétitions qui s’opèrent dans les champs cultivés. Devenus de véritables références pour tous les passionnés de botanique et d’écologie, leurs deux ouvrages, Graminées et Pérennes et vivaces édités en 1983, sont désormais en ligne sur le site de l’UIPP dans la rubrique Ressources. Complémentaires, richement illustrés de dessins à la plume et de portraits photographiques, ces publications aident à comprendre l’inséparable tandem agronomie-malherbologie.

Consignées dans plus de mille pages, leurs observations interpellent sur une question fondamentale pour ceux qui travaillent le vivant : qui de la céréale domestiquée ou de la graminée sauvage est le bio-agresseur de l’autre ? Ces ouvrages nous mènent au cœur de l’écologie appliquée à la couverture végétale des espaces artificialisés pour et par l’agriculture, au sein et autour des champs. Ils montrent l’incroyable capacité de multiplication et de survie des adventices.

Retour à plus d’agronomie dans le désherbage grâce aux connaissances bio-écologiques

Pour l’UIPP et le Cirad qui est à l’origine du projet, pas question de laisser ces bibles uniquement sur les rayons des bibliothèques des écoles d’agronomie, ni dans celles de chercheurs et de passionnés. Place à un partage, sans restriction !

« Notre mission est d’alimenter les connaissances pour renforcer les stratégies combinatoires en protection des plantes, explique Julien Durand-Réville, responsable environnement et santé à l’UIPP. Naturellement nous avons proposé d’héberger ces documents pour qu’ils puissent nourrir les réflexions dans la conception des itinéraires de désherbage durable. Car bien connaitre la biologie des bioagresseurs, dont les adventices, ainsi que la dynamique des populations au sein des agrosystèmes est un prérequis à toute stratégie de protection des cultures fondée sur l’agroécologie. Le désherbage tout chimique a eu tendance à remiser au second plan cette nécessaire connaissance de la dynamique des plantes adventices pour mieux les contrôler. »

Avec l’apparition de résistances de graminées, vulpins et ray-grass principalement, et de dicotylédones, à certaines familles chimiques depuis les années 1990, à laquelle s’ajoute la disparition de molécules sur le marché, l’agronomie reprend sa place légitime. Et avec elle, ses bons outils ! « L’agronomie, un temps très normative et trop restreinte à l’agromécanique et l’agrochimie, est revenue à son essence originale en réintégrant toutes les dimensions et les potentialités de l’écologie : elle s’est ainsi bonifiée en agroécologie et vise la durabilité de l’agriculture. Et du désherbage », conclut José Martin, chercheur en agronomie tropicale au Cirad.

Pour consulter les guides, les télécharger :

L’observation au champ couplée à une solide connaissance de la biologie des adventices permet d’activer les bons leviers de désherbage, qu’ils soient mécaniques, agronomiques ou chimiques.

Jacques Montégut et Philippe Jauzein, deux malherbologues passionnés

Le professeur Jacques Montégut, spécialisé en écologie végétale, a été le premier enseignant en malherbologie rattaché à l’ex-École nationale supérieure d’horticulture de Versailles. C’est dire l’étendue du champ d’investigation sur les adventices qu’il a pu engager grâce à son expertise pointue : de l’origine à la différence biologique entre les annuelles et vivaces, aux facteurs d’apparition dans les cultures et leurs freins, en passant par les descriptifs et autres clés de détermination des plantes. Il a notamment formalisé ses observations en cycles de développement.

En concevant ces deux guides avec son assistant, Philippe Jauzein, devenu ensuite directeur de recherche à l’Inra, il a su susciter l’admiration des botanistes intéressés par la flore des champs cultivés et surtout, l’enthousiasme des praticiens, agriculteurs et techniciens, confrontés aux problèmes de désherbage des cultures. Problématiques que bien évidemment rencontrent toujours les agriculteurs et leurs conseillers.

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