Partager ce contenu
Veille Secteur

Le coût des méthodes de protection des cultures alternatives face à la diversité de l’agriculture européenne

Selon un rapport du Parlement européen sur le coût des méthodes alternatives aux produits phytosanitaires, « tous les concepts examinés sont prometteurs, mais nécessitent des recherches supplémentaires pour garantir des systèmes de culture robustes ». Le principal défi est d’intégrer les nouvelles variétés, la mécanisation et les outils de biocontrôle dans les nouveaux itinéraires culturaux. Et de former les agriculteurs.

La cellule prospective du Parlement européen a publié le 16 septembre un rapport sur le coût de la protection des cultures en Europe.

La transition agroécologique de l’agriculture européenne implique l’utilisation de techniques de protection des cultures innovantes et combinatoires : les techniques mécaniques, la sélection végétale, le biocontrôle, la résistance induite, l’application des principes écologiques, l’agriculture de précision et les nouveaux produits phytopharmaceutiques à faible impact environnemental.

Le rapport fournit une revue de ces pratiques alternatives de protection des cultures dans quatre groupes de pays européens. Il les aborde sous l’angle de l’investissement et de la facilité d’adoption. L’objectif est d’alimenter le débat sur les décisions relatives à la politique agricole commune (PAC) au sein de la Commission de l’agriculture et du développement rural du Parlement européen. Parmi ses recommandations : concentrer les investissements publics vers les exploitations agricoles qui ont une utilisation importante de pesticides, un revenu agricole limité mais une perspective d’avenir pour rendre leur protection des cultures durable.

Parmi les méthodes précisées fondées sur les interactions entre les agrosystèmes : la rotation des cultures, le semis direct, les haies, le paillage, les cultures associées... La formation est essentielle pour faciliter leur adoption.

Privilégier les méthodes de protection des cultures combinatoires

Selon le rapport, « tous les concepts examinés sont prometteurs, mais nécessitent des recherches supplémentaires pour garantir des systèmes de culture robustes » Les efforts doivent se porter sur la mise en place de combinaisons optimales pour accroitre l’efficacité et la rentabilité des solutions. Ils sont plutôt à réserver aux plus grandes exploitations et aux cultures possédant une marge plus élevée.

Ainsi, le désherbage mécanique et l’agriculture de précision demandent des investissements importants mais peuvent être très efficaces pour réduire l’utilisation des herbicides. L’efficacité du biocontrôle et de la sélection végétale est aussi soulignée. Les méthodes de biocontrôle sont généralement plus coûteuses que la protection chimique des cultures, principalement en raison des applications plus nombreuses et de tâches supplémentaires telles que la surveillance des cultures. La mise en place de plateforme de démonstrations facilite l’adoption de ces alternatives. Le rapport coût-efficacité est également lié aux revenus moyens par hectare. En moyenne, les revenus par hectare sont les plus élevés dans le groupe D soit les pays d’Europe du Nord-Ouest dont la France et les plus faibles dans le groupe B, principalement les pays d’Europe de l’Est et du Nord.

Les pistes de progrès identifiées dans les pays européens 

  • Le coût d’application des méthodes durables de protection des cultures peut être estimé avec plus de précision pour les méthodes de désherbage mécaniques.
  • Les coûts d’application des technologies qui nécessitent des investissements dépendent de l’échelle et favorisent les grandes exploitations. C’est particulièrement le cas pour l’agriculture de précision.
  • La formation est nécessaire pour les techniques qui nécessitent des connaissances supplémentaires pour assurer une application efficace. Cet accompagnement concerne notamment le biocontrôle, l’application de principes écologiques pour accroitre la biodiversité et l’agriculture de précision.
  • Aucune indication ne peut être faite quant au coût de la recherche et du développement nécessaires pour développer les techniques de protection des cultures existantes et émergentes. Les techniques qui en sont à leurs premiers stades de développement, telles que la résistance induite (défense naturelle), sont susceptibles de nécessiter des investissements substantiels en recherche et développement.

« Le développement continu de toutes les pratiques de protection des cultures est nécessaire pour mieux perturber le cycle de vie des ravageurs, des maladies et des mauvaises herbes. Il doit soutenir les méthodes de lutte non chimique et l’application de la lutte chimique en utilisant des technologies d’application intelligentes adaptées aux conditions locales. Les connaissances et les compétences des opérateurs sont aussi à prendre en compte », soulignent les rapporteurs.

Eugénia Pommaret, directrice générale de l’UIPP

« L’innovation est un facteur incontournable dans la recherche de solutions alternatives. Pour apporter à tous les modes de production agricole les solutions les plus adaptées, les entreprises adhérentes à l’Uipp investissent au quotidien dans de nouvelles pistes. Ces dernières combinent différents modes d’action (chimique ou biologique) et s’appuient sur des pistes émergentes telles que le digital et les biotechnologies. »  

Rapport coût-efficacité des alternatives phytosanitaires lié aux revenus moyens par hectare

Le coût de la protection a été abordé sous plusieurs angles : par pays, par groupes de pays (4). Six types d’exploitations spécialisées en productions végétales ont été pris en compte : céréales, oléagineux et protéagineux, légumes de plein champ, vignobles, oléiculture, culture de fruits et/ou d’agrumes. L’étude montre que « les États membres qui sont connus pour avoir des modes de culture intensive ont tendance à avoir des coûts de protection des cultures par hectare élevés. C’est particulièrement vrai pour les Pays-Bas, la Belgique, Luxembourg et Malte ».

La France fait partie du groupe D avec la Belgique, l’Allemagne, l’Irlande, le Luxembourg et les Pays-Bas. Les grandes cultures sont majoritaires dans ces États membres. Les coûts de protection des cultures par hectare et les revenus ressortent relativement élevés dans ces pays. Conséquence, les agriculteurs du groupe D peuvent se permettre des investissements plus élevés pour la protection alternative des cultures, y compris la formation, que ceux des trois autres groupes.

Ceci pourrait aussi vous intéresser

Toutes les actualités

En savoir plus